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Le durry, un artisanat en péril

Nous sommes aux portes du désert du Thar, dans les environs de Jodhpur. Dans cette région sablonneuse, à la végétation maigre et éparse, les habitants avaient pour tradition de tisser des durrys. Ils vendaient leur production auprès des thakurs, maharajas et autres nobles de la région. La modernisation et la mécanisation tendent à faire disparaître cet artisanat unique. Quelques villageois résistent et continuent de produire à la main ces tapis colorés. Petite revue de détail de l’univers du durry.

Qu’est-ce qu’un durry ?

Les Marwaris vous expliqueront bien volontiers qu’un durry n’est pas un tapis. A première vue, difficile de faire la différence. Le tapis est noué et les fils sont ensuite coupés pour faire apparaître le motif. L’envers est le négatif de l’endroit. Le durry, lui, est tissé et envers et endroit sont exactement identiques. Autrefois, chaque maison ou presque possédait son métier abrité dans la cour ou un recoin de la maison. Chaque famille détenait un ou une série de motifs qu’ils se transmettaient de génération en génération, oralement et par la pratique. La largeur du métier détermine le lé du tapis. La fabrication d’un durry se pratique à deux, voire à quatre pour les très grandes tailles. Deux membres d’une même famille – souvent le mari et la femme, ou deux frères-, s’assient de part et d’autre du métier, et nouent les fils de chaîne autour des fils de trame.  Il faut compter entre 3 semaines et 2 mois pour réaliser un tapis de 1,20×1,50 m, en fonction de la complexité des motifs.

En quoi les durrys sont-ils faits ?

Comme souvent dans l’artisanat, les matières premières proviennent des environs, à l’origine. Au Rajasthan, le durry traditionnel est en coton. Le coton est planté à l’arrivée de la mousson, et récolté 6 à 8 mois plus tard. Il est ensuite nettoyé et filé. Les fils partent alors chez le teinturier, qui crée des bains avec des pigments naturels : écorces d’arbre, épluchures de légume, indigo… Le fil est ensuite tissé pour devenir tapis. Ca, c’était avant. Désormais, les fils viennent souvent de plus loin et les teintures sont chimiques. Une autre fibre est apparue sur le marché, moins chère et plus épaisse : la fibre de coco. Naturellement beige foncée, la fibre de coco ne fixe que quelques couleurs. De rares artisans continuent de produire des durrys en laine de mouton, une matière première devenue rare et chère. Enfin, on trouve quelques petites pièces en laine de dromadaire, une matière très lourde et difficile à travailler.

Où se procurer un durry artisanal ?

Vous trouverez aisément des durrys dans les boutiques pour touristes de Jodhpur ou de Jaisalmer. Mais attention, quoiqu’en dise le commerçant, il s’agit souvent de pièces produites sur des métiers mécaniques. Comment faire la différence ? Le prix est souvent un bon indicateur. Difficile de dégoter un vrai tapis artisanal dans une boutique à moins de 8 000 Rs. La maille est également plus lâche. La meilleure solution pour s’assurer de l’authenticité artisanale de votre durry est bien entendu de se rendre directement chez le producteur. La coopérative Pukhraj Durry Udyog de Salawas rassemble une cinquantaine de familles du Marwar qui perpétue cet artisanat. Les durrys sont fabriqués dans les maisonnées, puis envoyés à la coopérative. Elle-même issue d’une longue lignée d’artisans, la famille de Pukhraj possède un métier et perpétue cette tradition. Cette visite peut être couplée à celle des Bishnois, nombreux dans les environs… mais c’est une autre histoire.

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