Cet été, je suis partie au Ladakh, dans l’Himalaya Indien, une dizaine de jours dans le cadre d’un projet de communication pour Shanti Travel. Au cours de ce voyage, une succession de choses à voir, de personnes à rencontrer, de monastères à visiter, d’activités à tester et de momos à manger… Parmi toutes ces expériences qui ont fait mon voyage au ladakh, je retiens quelques moments forts. Comme ce goûter dans le Stock Palace avec le Prince du Ladakh, ou encore la descente du Kardung La en vélo. Je pense aussi que le jour où j’ai joué à l’apprentie lama fait partie des plus spéciaux…
Puja à Nimmu House au Ladakh
La scène se passe à Nimmu, dans l’impressionnante demeure traditionnelle devenue la Nimmu House, charmante maison d’hôtes au Ladakh.
Cette bâtisse a cela de spécial qu’elle compte deux temples bouddhistes. Il s’agit de quelque chose de très rare au Ladakh. Qui dit temples, dit croyances et dit dieux à vénérer. Comme le veut la tradition, ce jour-là Alex Le Beuan a donc invité un respectable lama à venir procéder aux cérémonies. Etre au bon endroit, au bon moment, je pense que cette expression colle assez bien à la journée que j’ai passé.
Le lama est arrivé, tranquillement, sans se presser. N’étant pas bilingue en Ladakhi et lui parlant très peu anglais, heureusement que la cérémonie nous a donné d’autres moyens de communiquer. L’étape la plus marquante pour moi a été la préparation (le moment où je me suis rendue utile !). De son petit sac, le lama a sorti une multitude d’autres petits sacs… Farine, beurre, noix, lait, safran, assiettes, bols, bolinettes par dizaines,… J’en oublie. Une fois, ses propres « matières premières » complétées par les stocks de la cuisine, l’atelier poterie a pu commencer.
Un étonnant rituel bouddhiste
Farine, lait, miel et safran. Des ingrédients basiques avec lesquels il a créé une première pâte dans laquelle il a modelé (enfin nous avons modelé !) des centaines d’objets pendant plus d’une heure. 110 petites billes déposées dans une grande écuelle et des sortes de mini-stupas, de formes variables qu’il a ensuite déposé dans 3 assiettes différentes. Avec une plaque de bois gravée, il a inscrit des représentations divines sur certaines de ces sculptures.
De beurre fondu, il remplira quelques coupelles dans lesquelles il immerge des mèches de bougie. L’une de ces mèches servira ensuite à badigeonner de beurre l’ensemble des sculptures. Je suis impressionnée de voir tout ce qu’il a créé en si peu de temps et surtout l’enchaînement rigoureux de cette préparation.
Après avoir rempli une assiette de grains de riz, il plonge un morceau de beurre dans l’eau et commence à le façonner à pleines mains. Une sculpture de beurre ressortira de l’eau pour être déposée dans l’une des 3 assiettes. Si ce récit prend le ton et la forme d’une recette de cuisine, ce n’est qu’un début… En effet, j’ai vraiment eu l’impression que des cookies allaient sortir de l’écuelle lorsque le lama a malaxé du beurre avec des noix.
Ensuite, un mélange obtenu à base de lait, de miel et de safran (mélangés par mes soins !), est versé dans 3 coupelles. Le lama répartie des grains de riz à différents endroits de la table. Il semble que cela soit pour empêcher l’assiette aux 8 cônes d’être au contact de la table…
Ah ! Un nouvel ingrédient. C’est au tour de la terre de rentrer en jeu. Il en mélange une poignée à du sable et dépose l’ensemble sur un amas de braises. Nous sommes priés de ne plus filmer, la cérémonie du feu, ça ne se filme pas Messieurs, Dames. Une épaisse fumée odorante envahit la pièce. Le lama dépose quelques fleurs de lotus sur les assiettes et commence alors à agiter deux petites clochettes. Les chants commencent.
Le temps de la prière
Le lama sort ensuite de sa besace ses livres de prières et son chapelet qu’il place sur sa robe pourpre. À mesure que les prières sont récitées, le Lama place un à un, les billes et objets modelés dans une écuelle. Il prendra ensuite le temps de les arroser de lait safrané selon un rythme très particulier, en respectant l’intensité des psaumes et des clochettes.
Le temple de la pièce a été honoré de quelques gouttes de lait. Ses mains s’agitent, ses gestes sont précis. Le Lama continue à réciter ses psaumes sur un rythme ininterrompu. Les pages de prières se succèdent. Le murmure pour moi est constant mais les prières changent. Une grande pureté se dégage de cet instant auquel j’assiste.
Puis le lait est épuisé, la bougie de beurre fond, la terre continue d’encenser la pièce et tous les objets sont immergés. Cela me donne l’impression qu’aucun consommable ne doit perdurer. Tout finit dans le feu. N’étant pas initiée aux pratiques bouddhistes, mon œil d’occidentale retranscrit ce qu’il a vu de flagrant. Beaucoup de choses m’ont forcément échappée aujourd’hui. Mais peu importante, cette cérémonie, à audience très limitée, a été une très belle initiation.
La cérémonie est terminée. Le Lama me regarde en souriant, il semble satisfait. Moi aussi. Ça tombe bien !
Cet été au Ladakh se déroule le Kalachakra : un événement bouddhiste incontournable. N’hésitez pas à contacter nos experts pour plus d’informations. http://shantitravel.com/