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No future pour le voyage lointain ?

Au moment ou la moitié de l’humanité est ou a été confinée durant plusieurs semaines, on s’est confronté  à l’espace, et au temps. Car nous avons tous été doublement confinés : dans le temps présent, et dans un petit volume d’espace.

Pour s’échapper de ce quotidien ‘’contraint’’, on a été nombreux à rêver chaque jour de respirer une nature qui ravit nos sens, d‘ouvrir grand les yeux devant un coucher de soleil, de grimper en haut d’une montagne, de sentir le vent de la mer nous caresser le visage, de courir avec un faon dans une clairière ensoleillée, d’échanger des sourires avec des Némo sous une mer azur, de descendre une dune de sable tous freins lachés, d’observer de loin un écureuil manger une noisette sur une branche de pin.

Vallée de la Markha, Ladakh, Inde

Vallée de la Markha, Ladakh, Inde

Non seulement on a eu soif d’un espace qui s’étend, mais on a aussi eu du mal à n’être relié qu’avec le présent, car on n’en a pas l’habitude. En temps de confinement, on ne parle que de ce qui se passe ‘’maintenant’’. On est tellement préoccupé de ne voir que des murs à courte distance que notre horizon temporel est entravé, d’autant plus que que le monde de demain est totalement incertain. 

Comme l’explique Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences, « Le confinement change des choses dans notre rapport au temps, et j’ai l’impression que beaucoup de vies, en ce moment, sont en train de « ralentir » », et de poursuivre que ‘’Le confinement, c’est peut-être l’occasion de reprendre un peu de maîtrise sur sa gestion du temps, non pas sur le temps même, sur lequel on n’a aucune maîtrise, mais une maîtrise de notre emploi du temps’’.

On a constaté aussi la fragilité de l’espèce humaine, qui malgré de fulgurants  progrès sanitaires et technologiques depuis 2 siècles, s’est retrouvé ‘’en boite’’ à cause d’un virus invisible à l’œil nu. Cette période anxiogène, d’introspection et de réflexion, nous a rappelé brutalement les défis majeurs de notre époque – l’age de l’anthropocène – car la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise — toujours passagère — mais une mutation écologique durable et irréversible.

Région de Jawai, au Rajasthan, Inde

Région de Jawai, au Rajasthan, Inde

On est de plus en plus nombreux à questionner notre mode de vie qui consiste à courir après le temps, alors même qu’on emmène collectivement le monde a une vitesse vertigineuse dans la mauvaise direction. ‘’La nature nous envoie un message avec la pandémie de coronavirus et la crise climatique en cours’’, selon le chef de l’environnement de l’ONU, Inger Anderson. A l’heure ou j’écris ces lignes, le pangolin est considéré comme un élément probablement déterminant dans l’émergence du coronavirus, et si les zoonoses émergentes, comme le Covid-19, existent depuis longtemps, elles devraient se multiplier dans les années à venir, car selon les scientifiques, les activités humaines et leur impact sur des écosystèmes autrefois préservés en sont la cause. La construction de routes à travers la forêt tropicale ou encore le fractionnement des écosystèmes pour y installer des villes ou des champs instaurent les conditions idéales pour l’émergence de nouvelles maladies comme le Covid-19. De même, le réchauffement climatique favorisera – et c’est déjà en partie le cas – l’émergence de virus dans des zones jusqu’ici protégées, ainsi du paludisme en Asie Centrale ou dans le Caucase, des moustiques tigre présent dans 51 départements français aujourd’hui alors qu’ils étaient inexistants avant 2004. En outre, si au 14e siècle, la peste noire s’est répandue de l’Extrême-Orient a l’Europe, alors qu’il n’y avait ni avions ni bateaux de croisières, cela à mis 10 ans alors qu’au temps de la globalisation et du tout technologique, il a fallu 3 mois pour que le coronavirus se répande sur le monde.

Dans le même temps, on prend actuellement conscience qu’on est capable d’une très grande adaptabilité, alors qu’on change nos comportements, notre de mode de vie, notre existence, et des ruptures très importantes ont lieu dans les politiques publiques pour éviter une catastrophe humaine causée par ce virus. On constate que ce qui, il y a encore quelques mois, nous paraissait ‘’impossible’’, a nous comme aux décideurs politiques, économiques, sanitaires et industriels, devient une réalité : la plupart d’entre nous avons supporté (parfois mal, certes !) le confinement ; on a développé les liens avec nos proches, et même de l’entre aide avec parfois des voisins que nous n’avions jamais même rencontré auparavant ; les pouvoirs publics ont trouvé de l’argent ; les personnels soignants, qui exercent dans des conditions difficiles depuis des années, ont donné le meilleur d’eux même avec un dévouement extraordinaire ; des artistes comme des entreprises ont redoublé de créativité pour rendre ce moment plus supportable. D’une part on s’est adapté au tragique avec une facilité presque insoupçonnée, mais en plus on a appris à hiérarchiser les priorités.

Village de Tanggye, Mustang, Nepal

Village de Tanggye, Mustang, Nepal

Comme si le confinement nous faisait oublier le superflus, on a concentré nos besoins et même nos désirs sur l’essentiel : l’amour, l’amitié, la communion, la solidarité. Serions nous sur le chemin de la ‘’sobriété heureuse’’ chère a Pierre Rabhi et Edgar Morin ? L’avenir le dira. En tous les cas, ces semaines de confinement fut une opportunité pour repenser notre vie et nos valeurs. Individuellement et collectivement, ce à quoi nous sommes attachés et ce dont nous sommes prêts à nous libérer.

Allons nous nous donner collectivement et individuellement les mêmes chances de nous prémunir de nouvelles catastrophes sanitaires, et de catastrophes écologiques ? Incertitudes… Qui d’ailleurs est peut être la principale caractéristique de nos vies actuelles. On réalise et essayons d’accepter que la vie est incertitudes, et qu’il nous faut apprendre a vivre avec, alors que notre civilisation nous a inculque les besoins de certitudes toujours plus nombreuses sur le futur, souvent illusoires. Edgar Morin de nous rappeler que ‘’Vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, a travers des ilots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille’’, et le philosophe de conclure : ‘’attends toi a l’inattendu’’. 

Et le voyage dans tout ca ? A l’heure ou l’on questionne le bien fondé de la globalisation, que nous avons conscience de notre fragilité et que nous devons impérativement préserver notre planète pour nous préserver nous même, allons nous continuer de voyager à l’autre bout de la planète? 

Notre civilisation est une civilisation de recherche, de découverte, d’innovation, de curiosité, de dépassement de soi, de développement de la connaissance et de son partage. Pour Yuval Noah Harari, l’auteur de Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, « Le véritable antidote à l’épidémie n’est pas le repli, mais la cooperation’’. Cooperation qui elle meme est facteur de paix (‘’Shanti en Sanskrit’’). Nous allons continuer de voyager – moins souvent et plus longtemps ? – et on est de plus en plus nombreux a penser que les voyages ont besoin de sens, de responsabilité, de contribution et de partage pour ne pas finir dans une surconsommation destructrice.

Lagune de Kalpitiya, Sri lanka

Lagune de Kalpitiya, Sri lanka

Actuellement, alors que l’on voyage depuis chez soi ou presque, les équipes de Shanti Travel, avec le concours des voyageurs, emploient toute leur energie et leur créativité pour faire émerger encore plus de sens dans les voyages qui vous sont proposés. Pour se faire, depuis un bout de temps, et encore plus aujourd’hui, nous nous intéressons au mouvement Slow qui évolue vers la quête de sens et d’une paix intérieure (‘’Shanti’’). Le Slow Travel est, pour shématiser, cette quête d’un voyage qui nous transforme et nous guide vers des changements durables à apporter dans notre vie.

Cette tendance fait l’éloge de la lenteur, qui permet de se dé)connecter pour mieux se re-connecter, à soi, aux autres, au temps présent, et se désinvestir du ‘’consommable’’ pour se concentrer sur l’expérience. Le succès du film Eat, Pray and Love est révélateur de cette tendance. Trouver du sens à sa vie grace au voyage, rencontrer, échanger, partager, compatir, se laisser porter par l’inattendu, le non programmé – la fameuse serendipite – transgresser ses préjugés, se transformer, etre conscient et minimiser son impact sur la planète. La lenteur permet la disponibilité et la curiosité, qui aboutissent à la transformation heureuse de soi, et une empreinte écologique faible. Certains désirent avant tout ralentir pour justement prendre le temps de s’imprégner de la destination qu’ils decouvrent. L’expérience des bains de forêt (Shinrin-Yoku) applique l’idée de s’immerger dans la nature, d’écouter le son du vent dans les feuilles, de toucher l’écorce des arbres, de humer l’odeur ambiante, d’observer la flore environnante. Le sens que l’on donne à une simple promenade en forêt devient plus profond et sert cette recherche d’apaisement et de spiritualité. Pour d’autres, cette quête de sens s’exprime par le dépassement de soi, le désir de se transformer, de connaître ses limites physiques et mentales. Traverser à pied le desert de Gobi ou l’Himalaya sont des exemples d’expériences recherchées. Pour Jacques Lacarriere, marcher, « ce n’est pas revenir aux temps néolithiques, mais bien plutôt être prophète ». Aller à pied, livre a son seul corps et a sa volonté, est un anachronisme en un temps de vitesse, de fulgurance, d’efficacité, de rendement et d’utilitarisme. Il n’est pas nécessaire de marcher pour vivre l’experience Slow. Prendre le temps de découvrir l’Inde durant plusieurs semaines en se deplacant en train ou les Iles de la Sonde en voilier, le Vietnam à vélo ou l’Asie Centrale à cheval  sont d’autres exemples de l’experience Slow. On pense aussi à Matthieu Ricard dans son hermitage d’Un Voyage Immobile et Sylvain Tesson Dans les Forets de Siberie, maitres du voyage immobile, finalement la quintessence du Slow Travel.

Village Bishnoi, Rajasthan, Inde

Village Bishnoi, Rajasthan, Inde

Alors qu’on prend conscience de l’importance de ‘’ne pas sacrifier l’essentiel à l’urgence mais obéir à l’urgence de l’essentiel’’ pour reprendre les mots d’Edgar Morin, le Slow Travel devient un engagement, un acte de résistance positive, et peut être même une tendance du voyage qui se développera dans les prochaines années jusqu’à devenir l’essence meme du voyage pour chacun d’entre nous. 

L’équipe de Shanti Travel non seulement l’espère mais oeuvre, à son échelle, à promouvoir cette manière de découvrir le monde, avec vous et pour vous.

Alex Le Beuan – fondateur de Shanti Travel

Sources :

https://lejournal.cnrs.fr/articles/edgar-morin-nous-devons-vivre-avec-lincertitude

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-pangolin-source-coronavirus-proches-sars-cov-2-79290/

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-destruction-habitats-naturels-favorise-emergence-nouvelles-epidemies-comme-covid-19-80160/

https://www.un.org/fr/chronicle/article/les-effets-du-rechauffement-climatique-sur-la-sante-les-pays-en-developpement-sont-les-plus

https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/04/13/les-relations-complexes-entre-climat-et-maladies-infectieuses_5449708_3244.html

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/05/yuval-noah-harari-le-veritable-antidote-a-l-epidemie-n-est-pas-le-repli-mais-la-cooperation_6035644_3232.html

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-pour-frederic-lenoir-accepter-l-imprevisible-c-est-s-ouvrir-des-opportunites-6794667

https://www.lechotouristique.com/article/lettre-ouverte-tourisme-cest-une-crise-non-cest-une-revolution?utm_source=newsletter-24&utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter-24

https://www.theguardian.com/world/2020/mar/25/coronavirus-nature-is-sending-us-a-message-says-un-environment-chief?CMP=share_btn_fb&fbclid=IwAR21EwSY1DHJBOAq48_bivXXPbUFQlsJTqcNzX4FQMohChUvAaUZbxJt3JY

https://www.brut.media/fr/science-and-technology/le-confinement-change-t-il-notre-rapport-au-temps–981410a6-c266-4e24-851e-3f1420c376f7

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