Rencontre avec Patrick Frilet
Quand il n’est pas à l’autre bout du monde, Patrick Frilet vit dans le Sud de la France, à Aigues-Vives. Photojournaliste et baroudeur dans l’âme, il a lancé il y a quelques années sa plateforme de voyages photo, Photovoyageurs.com. Nous avons créé ensemble un voyage spécial au Ladakh pour célébrer l’anniversaire du Dalaï Lama. Avec sa fibre de reporter et son goût pour les rencontres, Patrick propose une véritable expérience à ceux qui veulent bien le suivre.
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire d’où vient ta passion pour le voyage et la photo ?
Je voyage depuis 50 ans, ça te donne une idée de mon âge… A 18 ans, mon père m’a demandé ce que je voulais si je réussissais mon bac, j’ai dit un billet d’avion pour Bombay. Par la suite, j’ai intégré l’agence Sipa Press comme photographe et je suis parti couvrir pas mal de reportages autour du monde. Je suis ensuite devenu photographe indépendant, en vendant mes photos à plusieurs grands magazines. En 1990, j’ai créé une section de photojournalisme dans une école à Paris. Et depuis sept ans, j’ai fondé photovoyageurs.com, pour partager mes connaissances de terrain et proposer une nouvelle manière de voyager : aller au-devant des autres grâce à la photographie.
Qu’est-ce qui t’as décidé à proposer un voyage photo au Ladakh ?
En 1975, après un reportage difficile en Asie du Sud-est, je décide de partir en voyage avec ma copine dans l’Himalaya. Le Ladakh venait tout juste d’ouvrir ses frontières aux touristes pour concurrencer en quelque sorte le Népal qui attirait beaucoup de trekkeurs. Nous prenons le bus depuis Srinagar au Cachemire, et nous sommes arrêtés à Kargil par des militaires qui n’étaient visiblement pas encore au courant de la réouverture officielle de la région aux étrangers. L’horreur, deux jours de prison puis une semaine coincés dans une ville de garnison militaire. On a ensuite pu rejoindre Leh, les autorités ont vérifié nos papiers et voilà comment je suis devenu le premier touriste étranger à pénétrer au Ladakh cette année-là ! On nous a installés dans la maison de l’évêque de Leh qui avait déserté les lieux depuis plusieurs années. J’y suis retourné pour la première fois l’été dernier, 42 ans après. J’ai accompagné un groupe photo et je suis retombé accro à cette région.
Peux-tu nous parler de l’itinéraire que tu as créé au Ladakh avec Shanti Travel ?
18 jours de voyage, pour prendre le temps. J’ai souhaité un programme coïncidant avec différents évènements du calendrier : des festivals bouddhistes et l’anniversaire du Dalaï Lama. Au Ladakh, il y a une faible densité de population, ce qui peut être frustrant pour un photographe axé sur l’humain. Nous avons donc orienté le voyage sur les fêtes et les lieux de rassemblement. Passage obligatoire au célèbre festival du monastère d’Hémis. Au-delà de la cérémonie et des danses des moines, j’aime observer les spectateurs, les gamins impatients, les mamies qui attendent au soleil avec leur coiffe traditionnelle. Nous allons aussi assister à un petit festival que m’a conseillé Alexandre Le Beuan, plus confidentiel, toujours dans la vallée de l’Indus. J’aime ajouter des éléments que je ne connais pas forcément, je prends du plaisir moi aussi à découvrir l’inconnu ! L’anniversaire du Dalaï Lama, le 6 juillet, est le moment fort du circuit. Nous allons célébrer l’évènement chez les nomades Changpa. Sur les hauts plateaux tibétains du Changtang, non loin du lac Tso Moriri, nous partons à la rencontre des familles nomades pendant plusieurs jours. Courses de chevaux, tir à l’arc, danses et musique, un grand moment de partage en perspective.
Comment se déroule une journée en voyage photo avec toi ?
Je suis spécialiste de « Street Photography », j’aime l’humain et le mouvement. Il n’y a pas de journée type lors de mes voyages. On cherchera la lumière, les rencontres, on provoquera notre chance. Nous serons peut être amenés à changer le programme si des opportunités se présentent. Mes groupes sont limités à six participants, pour rester « petit ». Je prends bien sur le temps de vous apprendre les bases et les techniques de la photographie, de vous aider à évoluer dans votre pratique, mais il n’y aura pas de cours théorique. La photographie va être omniprésente, nous allons en parler spontanément chaque jour, lors des trajets en voiture, au petit déjeuner. Je crois davantage à une approche de terrain, intuitive où chacun expérimente. Pour moi, le voyage et l’expérience passent avant la photo.
A qui s’adressent tes voyages – photo ?
Mes voyages sont ouverts à tous, amoureux de la photographie ou non, à ceux qui souhaitent aborder le voyage sous un autre angle. L’appareil photo est un prétexte, il devient un vecteur supplémentaire pour communiquer et provoquer les rencontres. J’essaie de transmettre ce qui m’anime en voyage, de pousser les portes pour vous encourager à sortir de votre zone de confort. Mes groupes ne sont pas ouverts uniquement à ceux munis d’un appareil Reflex et d’un trépied. Aujourd’hui, 99 % des gens qui voyagent font des photos avec leur téléphone. Au lieu de les exclure, pourquoi ne pas leur apprendre les bases pour faire de jolies photos. Souvent, j’ai aussi les accompagnants, conjoints ou amis, qui rejoignent un groupe. Et même si ce n’est pas leur hobby initial, au fil des jours, avec leur smartphone, ils participent eux aussi. On vient tous pour la même chose : se faire plaisir.
Quels sont tes prochains projets de voyage ?
Le voyage au Ladakh se déroule du 22 Juin au 9 Juillet. Je proposerai peut-être un autre départ l’été 2019. Mes itinéraires changent chaque année, ils évoluent en fonction des thématiques, le plus souvent autour de la musique, des cultures traditionnelles, des rituels et des fêtes. J’organise d’autres voyages prochainement en Inde du Sud et à Bali. N’hésitez pas à me suivre sur ma page Facebook.
Propos recueillis par Sophie