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La protection des peuples autochtones face au tourisme de masse

Les peuples autochtones, appelés également « peuples premiers », tribaux ou aborigènes, se trouvent sur tous les continents et représentent en tout 370 millions de personnes réparties en au moins 5000 groupes humains dans le monde. Bien que l’expression « peuple autochtone » n’a jamais fait l’objet d’une définition officielle faisant autorité, il existe des critères permettant de les identifier : les peuples autochtones sont des populations en situation de continuité historique avec les sociétés pré-coloniales ou antérieures aux invasions, qui possèdent un lien fort avec leurs territoires et les ressources naturelles qui les entourent, mais aussi des systèmes sociaux, économiques et politiques propres ainsi qu’une langue, une culture et des croyances propres qu’il leur importe de transmettre aux générations futures.

Longtemps marginalisés, exploités, assimilés par la force ou soumis à la répression, nombreux sont les peuples autochtones qui font aujourd’hui face à une nouvelle menace, celle du tourisme de masse. En effet, dans un monde qui s’urbanise et s’homogénéise sans cesse davantage, le voyage devient pour nombre d’entre nous une parenthèse nécessaire pour s’évader de notre quotidien, élargir nos horizons et se reconnecter avec une nature sauvage qu’il devient de plus en plus rare de rencontrer. De cette recherche de dépaysement et d’authenticité naît une nouvelle tendance dans le tourisme, celle du tourisme d’aventure, qui peut s’avérer très problématique voire dangereuse pour les peuples autochtones lorsque le respect de leur intimité et de leur mode de vie n’est pas assuré.

En effet, certains acteurs du tourisme proposent des nouvelles destinations « hors des sentiers battus », l’occasion pour les voyageurs de partir à la rencontre de populations autochtones pour vivre une expérience dépaysante et authentique. Lorsque l’objectif est purement touristique, les conséquences pour les populations autochtones peuvent être désastreuses : cela peut aller de la transmission de maladies infectieuses contre lesquelles leurs corps ne sont pas immunisés à une modification de leurs mode de vie, voire même dans les cas les plus extrêmes à une instrumentalisation des peuples autochtones par des guides touristiques peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à mettre en scène des événements traditionnels pour des touristes qui sont prêts à y mettre le prix. C’est par exemple le cas au Vietnam, où vit le peuple Hmong, une tribu d’origine chinoise où ce sont malheureusement des fillettes Hmong elles-mêmes qui se convertissent en guide touristique pour gagner un peu d’argent, en mettant en scène certaines coutumes Hmong qui ont aujourd’hui disparu. Un autre exemple serait celui des Tsaatans, un peuple turc d’éleveurs de rennes vivant dans les forêts proches du lac Khövsgöl au Nord de la Mongolie, pour qui le tourisme de masse peut représenter une tentation à la sédentarisation pour se rendre accessible, alors qu’il est nécessaire pour eux de conserver leur mode de vie actuel.

Mais faut-il pour autant abandonner l’espoir de rencontres authentiques avec des populations autochtones, qui peuvent par ailleurs s’avérer être des moments forts de partage et d’émotion ? Rassurez-vous, ce n’est pas le cas : il faut simplement rester vigilant quant aux conditions de ces rencontres et s’assurer que c’est ce que veulent ces populations. Par exemple, plutôt que de rencontrer les « femmes girafes de Birmanie » posant pour des photos dans un village thaïlandais, vous pouvez plutôt vous rendre dans l’état Kayah en Birmanie où certaines femmes de cette tribu, les Kayan, sont revenues vivre et ont créé un petit marché d’artisanat local dans lequel elles vendent leurs créations.

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