Depuis quelques semaines, le quai d’Orsay a assoupli ses recommandations aux voyageurs souhaitant se rendre au Sri Lanka, tandis que le SETO (Syndicat des Entreprises du Tour Operating) a levé ses restrictions, insufflant ainsi une nouvelle vague d’espoir aux Sri Lankais dont l’économie nationale dépend majoritairement du secteur du Tourisme.
En effet, les attentats du week-end de Pâques ont entraîné une succession d’annulations compréhensibles; mais aujourd’hui, bien que la prudence reste de rigueur dans certaines zones, la situation sur place s’est stabilisée et la vie a repris son cours.
« Les peurs des premières semaines sont passées ; aujourd’hui nous devons travailler main dans la main avec l’Office du Tourisme, le SETO, le gouvernement et les différents acteurs du secteur afin de promouvoir à nouveau la destination. Nous espérons que la situation redeviendra à la normale rapidement et c’est pourquoi nous souhaitons agir de manière collective, avec nos partenaires sur des actions de communication communes afin de promouvoir à nouveau cette île incroyable que nous affectionnons tout particulièrement » déclarent Jeremy Grasset et Alex Le Beuan, directeurs de l’agence Shanti Travel.
Installées au Sri Lanka depuis plusieurs années, Emilie, Juliette et Julie, Expertes Voyage chez Shanti Travel, nous livrent leur ressenti deux mois après ces tragiques évènements et nous partagent leur profond attachement pour cet île et ses habitants.
Votre pays d’adoption a récemment connu des événements tragiques : quel a été votre ressenti sur place ?
ÉMILIE : Ce fut une longue journée ce dimanche 21 avril, à regarder les images sur les chaînes Cinghalaises à essayer de comprendre ce qui se passe dehors. Puis la surprise et le choc ont laissé place à beaucoup de tristesse, c’est encore assez difficile de trouver les mots pour expliquer ce que j’ai ressentis ce jour-là. C’était chargé en émotions, et ces émotions sont restées avec moi pendant quelques jours.
JULIETTE : L’incompréhension au tout début, puis le choc d’apprendre l’ampleur des attaques, touchant des lieux que nous avons l’habitudes de fréquenter. N’étant pas à Colombo à ce moment-là, je n’ai pas eu peur pour moi mais pour mes amis et collègues qui y étaient. J’ai rapidement su que tout le monde allait bien.
JULIE : Malheureusement ce sont des choses qui arrivent partout dans le monde, si on pouvait les prévoir cela n’arriverait plus nulle part… La police a su agir vite et efficacement dans les semaines qui ont suivi ces évènements.
Quelles ont été les réactions des locaux, des expatriés et de vos voyageurs ?
ÉMILIE : Les Sri-Lankais, ont eu les mêmes réactions que nous mais ils ont beaucoup plus peur. Les écoles ont été fermées pendant deux semaines et le couvre-feu a été stoppé après plusieurs semaines.
Les expatriés et nos voyageurs prennent plus de recul, sachant qu’aujourd’hui malheureusement ces attaques peuvent toucher n’importe quel pays. Les voyageurs qui étaient sur place pendant les attaques ont continué sereinement leur voyage sans encombres.
JULIETTE : Les Sri Lankais sont bien entendu profondément meurtris par ces évènements, et certains ont eu très peur durant la semaine qui a suivi, évitant de sortir de chez eux ou de trop se déplacer à Colombo. On sent cependant la volonté d’aller de l’avant de leur part, et de laisser cette tragédie derrière eux.
J’ai appris ce qu’il se passait à mes voyageurs qui étaient sur l’île à ce moment-là. Certains ont montré une inquiétude car ils étaient en voyage avec leurs enfants, mais tous sont très vite redevenus sereins en voyant que rien ne se passait dans les lieux où ils étaient. Beaucoup ont évoqués les attentats de Paris et de Nice, auxquels on ne peut s’empêcher de penser lorsque l’on est français. Je les ai appelé très régulièrement pour prendre de leurs nouvelles et leurs transmettre les recommandations de l’ambassade. Tous ont pu faire leur circuit comme prévu et profiter de leurs vacances.
JULIE : J’étais dans ma famille sri-lankaise lorsque cela s’est produit. Nous avons regardé les informations toute la journée afin de suivre l’avancée des évènements. Je suis restée dormir une nuit de plus chez elles au lieu de rentrer sur Colombo car cela les rassurait. Mes sœurs sont retournées travailler 2 jours après les évènements et me répétaient tous les jours qu’elles n’avaient pas peur. Ce sont des dures à cuire ! Mes voyageurs devaient décoller de Belgique 5h après… Ils m’ont appelé, nous en avons discuté par téléphone et ils sont arrivés le lendemain matin au Sri Lanka ! N’ayant pas de halte prévu sur Colombo, ils ont fait leur circuit comme nous l’avions préparé ensemble.
Comment se passe la vie quotidienne au Sri Lanka deux mois après les attentats ?
ÉMILIE : La vie reprend le dessus et ça fait du bien. Les visages de nos collègues et amis se détendent petit à petit. On sent que les Sri-Lankais s’unissent, et le message que je lis le plus sur les réseaux auprès de mes amis ou influenceurs Sri-Lankais est le suivant ‘’Stay United’’. Il y a une volonté d’unité et de faire face à ces attaques en continuant à vivre ensemble et ça fait du bien.
JULIETTE : Ici à Colombo, la vie reprend son cours normal. Nous sommes retournés au bureau dès le lundi 22 avril, et même si les rues étaient calmes pendant les premiers jours, elles ont vite retrouvé leur agitation habituelle, typique de Colombo. Nous recommençons donc à sortir et profiter de la ville.
JULIE : La vie a repris son cours… Il n’y a plus de couvre-feu et les réseaux sociaux fonctionnent normalement. La présence des militaires et de la police est encore assez forte dans la capitale et cela est plutôt rassurant.
Pourquoi aimez-vous tant le Sri Lanka ?
ÉMILIE: Ce que j’aime au Sri Lanka, c’est la gentillesse des Sri-Lankais. Leurs sourires et prendre le temps d’échanger avec eux. Sans oublier les découvertes culinaires et la diversité des paysages qu’offrent l’île. Je suis toujours surprise dans ma journée par un paysage ou un moment d’échange avec quelqu’un, ce qui fait que je m’attache tous les jours un peu plus à ce pays.
JULIETTE : J’avais déjà eu la chance de venir découvrir le Sri Lanka il y a quelques années, lors d’un voyage qui m’avait laissé de magnifiques souvenirs. Après avoir passé une année en Inde, l’idée de retourner au Sri Lanka et d’en apprendre plus sur la culture et le mode de vie des Sri Lankais était pour moi une évidence.
JULIE : Je suis née au Sri Lanka et j’ai grandi en France, après avoir retrouvé ma famille biologique ici j’ai eu l’envie de venir plus souvent. Après 2 voyages en 2018, Shanti Travel m’a donné la chance de pouvoir m’y installer. C’était le prolongement logique pour moi de mes précédents voyages.
L’ambassade de France vient d’assouplir ses recommandations aux voyageurs souhaitant se rendre au Sri Lanka, tandis que le SETO (Syndicat des Entreprises du Tour Operating) a levé ses restrictions. Qu’en pensez-vous ?
EMILIE : Je suis heureuse que la situation évolue et que l’ambassade est assouplie ses restrictions auprès des ressortissants français. Souvent les voyageurs en France me demandent comment ils peuvent aider les Sri-Lankais. Le meilleur moyen de les aider c’est de venir ici (même si vous décalez votre voyage) de découvrir la richesse de ce pays et d’aller à leur rencontre. Ce sont des personnes généreuses, qui aiment faire découvrir aux voyageurs leurs cultures et leur pays. En tant qu’expert Voyage nous veillons à la sécurité de nos voyageurs et en vivant sur place, nous ressentons ‘’le cœur du pays’’.
JULIETTE : Je pense que l’ambassade donne les recommandations qu’elle estime être les bonnes pour ses ressortissants. Le fait de voir que le calme est revenu à Colombo et que nous vivons sans crainte ni sentiment d’insécurité me pousse à être optimiste. Nous continuons à recevoir des voyageurs qui profitent pleinement de leur séjour sur l’île. Je suis moi-même descendue dans le sud le weekend dernier pour profiter de la plage. Il est donc possible de voyager sereinement au Sri Lanka actuellement.
JULIE : Il est tout à fait normal et fortement conseillé de suivre les indications officielles. Désormais, la situation est revenue à la normale et nous pouvons voyager au Sri Lanka sans problème.
Aujourd’hui, quel serait votre message au peuple Sri Lankais ?
JULIETTE : Je voudrais tout d’abord leur dire que je suis de tout cœur avec eux dans cette terrible épreuve, qui ne semble malheureusement épargner aucun pays de nos jours. Je leur dirais également de ne pas céder à la panique, et surtout de ne pas tomber dans une peur et une haine de l’autre, mais de rester soudés et unis.
ÉMILIE : Pour reprendre le ‘’Stay United’’, j’ai envie de leur dire, WeloveSriLanka.
JULIE : Le peuple Sri Lankais est fort mentalement, je l’ai vu avec mes collègues et ma famille. Je leur dirai aussi que je ne compte pas partir du pays de sitôt ! C’est un réel bonheur et une chance pour moi d’être ici alors j’y suis j’y reste !
« L’union fait la force : bien que ce proverbe soit la devise nationale de nombreux pays comme la Belgique, aujourd’hui c’est au Sri Lanka que nous devons agir. La voix de ceux qui sont actuellement sur place et qui en apprécient la douceur au quotidien est le message le plus porteur d’espoir qu’il soit pour le pays dans sa globalité. We Love Sri Lanka et vous ? », concluent Jeremy Grasset et Alex Le Beuan, optimistes et impatients d’œuvrer concrètement au rétablissement de la destination.
