Nous rencontrons aujourd’hui Dominique Dufau, la Vice-présidente de la Maison des Himalayas, qui va nous parler plus en détails des projets de son association.
Bonjour Dominique, pouvez-vous revenir pour nous sur la création de La Maison des Himalayas ? Quand, comment et pourquoi vous-êtes vous lancée dans ce projet ?
C’est un petit groupe de voyageurs originaires du Nord de la France et passionnés par l’Himalaya qui est à l’origine de la création de notre association en 1992 : voyager, c’est aussi rencontrer des gens et parfois être sensible à leurs difficultés. Dans mon cas, j’ai rejoint l’association fin 2004, après plusieurs longs séjours dans la vallée de Kullu-Manali qui m’ont permis de cheminer sur un bon nombre de sentiers en Himachal Pradesh et au Ladakh, principalement. Ils m’ont permis de cheminer dans mon parcours de vie également, en étant plus attentive aux gens et à leur situation : en 2004 j’ai ouvert, à Manali, un programme saisonnier de scolarisation pour les enfants des communautés nomades rajasthanies, installées dans des camps six mois par an. Rien ne m’y prédestinait, mais comme on dit : « il y a un temps pour prendre et un temps pour donner ». A l’issue de cette première saison scolaire, j’ai décidé de prendre contact avec l’association « La maison des Himalayas » afin de ne pas rester isolée et de voir plus loin.
En quelques mots, comment résumeriez-vous vos actions ? Comment avez-vous réussi à changer la vie des gens et comment ont-ils changé la votre ?
Un parrainage, par exemple, peut mener à une dépendance, c’est pour cela qu’il est toujours important d’expliquer aux familles que notre aide ne peut pas couvrir la totalité des frais de scolarisation, surtout pour les adolescents, et qu’elle n’est que ponctuelle.
Autre exemple : amener les enfants rajasthanis vers l’intégration, par le biais de notre programme de scolarisation saisonnier, c’est bien sûr mieux les armer pour l’avenir mais aussi prendre le risque qu’ils remettent en question le mode de vie itinérant de leur communauté. J’ai pris le parti de penser qu’ils étaient seuls maîtres de leurs choix pour leur propre avenir. Certaines mères de famille ont également demandé à faire partie de ce programme d’alphabétisation, on peut donc penser que le moment était venu pour cette communauté d’évoluer. Je sais que toutes ces familles sont très reconnaissantes, même si par fierté elles ne l’expriment pas facilement.
Qu’est-ce qui vous a rendu le plus fière au cours des 20 dernières années ?
Pour parler de mon expérience personnelle, à Manali, l’école saisonnière pour enfants rajasthanis voit au bout de dix ans d’existence son objectif (l’intégration) se réaliser: bien que la plupart des parents soient illettrés, ils ont maintenant compris l’importance de l’éducation pour leurs enfants, certains ont inscrit leurs enfants dans de véritables écoles, pendant les six mois de leur présence à Manali, d’autres ont même pris la décision de rester sur place pendant l’hiver afin de pouvoir scolariser les enfants à l’année. Mon objectif, avec ce projet très souple et peu onéreux, était d’amener ces enfants vers l’école et vers l’intégration, ce qui est en train d’arriver et je pense que d’ici deux à trois ans ce programme s’éteindra de lui-même. Ces enfants seront alors mieux armés pour vaincre l’exclusion et vivre dans l’Inde moderne. Malgré les questionnements et les écueils rencontrés, nous avons le sentiment d’une réussite, et ce succès tout proche n’aurait jamais été possible sans l’aide de divers intervenants locaux qui ont également cru dans ce programme.
Rencontrez-vous des difficultés particulières dans le déroulement de vos projets ?
Comment un voyageur au Népal ou en Inde peut vous venir en aide ?
Nous avons également besoin de faire parler de notre association et de récolter des fonds. Parler d’un projet à ses amis ou ses collègues, c’est déjà y croire et vouloir d’une certaine manière y apporter son soutien. Qui sait, votre interlocuteur sera peut-être notre prochain bénévole à Bhaktapur ou à Kullu, ou bien un musicien à l’initiative d’un concert de soutien pour nos amis Dardes au Ladakh : l’effet « boule de neige de l’Himalaya » peut donc être décisif pour le succès de nos actions.
Merci d’avoir répondu à nos questions, Dominique. Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans le déroulement de vos projets.
Si vous souhaitez plus d’informations sur La Maison des Himalayas, vous pouvez consulter le site Internet de l’association : http://maisondeshimalayas.over-blog.com/