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Ladakh : j’ai vécu avec les derniers nomades du Changtang

Changtant Nomades

Avec Julie, experte Himalaya pour Shanti Travel, voilà longtemps que nous discutions ensemble de notre envie de rencontrer les derniers nomades du Changtang, au Ladakh. Je dis bien « derniers » car, dans la région reculée de Korzokh, il ne reste plus qu’une quinzaine de familles nomades  sur la centaine qui peuplait auparavant ces terres. Notre rêve de les rencontrer était également motivé par les grands espaces colorés de ces montagnes coupées du monde.

Le 15 juillet dernier, nous avons pris notre courage à deux mains et nous sommes lancés à leur rencontre dans une formidable aventure, et c’est ce que je veux vous raconter aujourd’hui.

Atteindre le Changtang et le campement de Zara

Cette expédition a tout de même nécessité un peu de préparation : les nomades se déplaçant régulièrement de camp en camp, il est difficile de deviner leur emplacement. Heureusement Julie avait réussi à nous trouver le guide parfait : Stanzin, jeune nomade né sur ces hauts plateaux, avait migré avec sa famille dans la ville de Leh qui leur promettait une vie moins rude et un avenir plus riche. Il revient dans son clan une fois l’an, à peu près.

Jamais encore il n’avait ramené quelqu’un dans sa famille, du côté de Zara, mais l’idée semblait lui plaire. C’est ainsi qu’un mercredi matin, après avoir pris une tente, des sacs de couchage militaires et un 4×4 nous nous sommes élancés vers le Changtang. Pour cela, il faut passer le col du Taglangla à 5300m d’altitude… La route qui y mène est agréable car goudronnée, mais les trois dernières heures de route jusqu’à Zara ne sont qu’une piste rocailleuse qui justifie pleinement l’utilisation d’un 4×4 !

Lorsque Stanzin se retourne vers nous pour nous dire que nous sommes arrivés, je ne le crois pas. Mais en regardant mieux autour de moi, je remarque des petites tentes essaimées au milieu des pierres. Certaines fument, d’autres semblent abandonner. Aucun bruit, si ce n’est le sifflement du vent entre les murets de pierres s’élevant ici et là. Tout autour de nous, pas un arbre, pas un bâtiment, rien : seulement la montagne nue et le ciel.

Tente des nomades du Changtang

Une vieille dame vient à notre rencontre : c’est Skarzang, une amie de la mère de Stanzin. Sans un mot, elle nous fait rentrer dans sa tente pour nous préparer la boisson locale : du thé baraté avec du beurre. Le silence règne. Peu à peu, je sens le temps se distendre, les secondes deviennent des minutes, puis des heures… nos portables se déchargent, nous n’avons pas de montre. Nous ne voyons même pas la position du soleil dans le ciel.

Avec nos tasses de thé, Julie et moi nous regardons et dans un sourire nous oublions toutes nos préoccupations : notre nouvelle vie avec les nomades peut commencer.

Nomades Changtang

Vivre au rythme des nomades du Changtang

Nous avions prévenu Stanzin : nous ne voulons pas venir en touristes. Nous voulons nous immerger totalement et complètement dans leur mode de vie : nous voulons effectuer les mêmes tâches, manger les mêmes repas, nous lever et nous coucher à la même heure. Avec bonheur, nous avons trouvé un formidable écho en retour de la part de la famille qui nous accueillait. Durant trois jours, nous avons laissé notre âme de berger se réveiller.

Chèvres Ladakh

La traite et la tonte :

Lorsque le soir de notre arrivée le troupeau d’un millier de têtes est arrivé, nous avons pu rencontrer les  bergers et participer aux premières activités de cette fin d’après-midi. Ma première surprise est de me trouver face à des chèvres et moutons de toute beauté : leur poil est long et soyeux, très propre. En les caressant, je comprends mieux pourquoi leur laine est celle qui produit les écharpes si douces en pashmina et cachemire.

A peine arrivés, les bergers attachent quelques moutons et chèvres pour les tondre. Ils coupent la laine des moutons et peignent les chèvres tandis que nous partons à la chasse aux chevreaux. A travers les troupeaux, il nous faut les isoler dans un petit enclos pour permettre la traite. Expérience très drôle et qui provoque le sourire des bergers et femmes présentes… c’est peut-être la première fois qu’ils voient des « blancs » de la ville courir maladroitement après des chèvres.

Bergers Ladakh

 Mener le troupeau

Notre réveil au petit matin avec une tasse de thé est étrangement doux, d’autant plus que les yaks ont entouré notre tente durant la nuit. Un petit-déjeuner à base de choux et de tsampa va nous permettre de tenir toute la journée. Le silence de la montagne est déchiré par le cri des bergers qui rassemblent leurs bêtes. Nous partons à leur côté pour les guider vers un pâturage qui se situe à 400m de dénivelé au-dessus de nous.

Changtang Ladakh

Le lendemain, ce seront aussi les yaks que nous conduiront pour traverser la rivière. Rapidement, des réflexes nous viennent, et même des cris, pour mener le bétail, comme si nous avions déjà fait cela. Les bergers, tout comme les chèvres, semblent infatigables. J’ai personnellement l’impression que ce sont plus les animaux que me dirigent, plutôt que l’inverse…

La communion avec la nature est complète, nous nous sentons si petits dans cette immensité. Nous croisons des kyangs, chevaux sauvages du Changtang, alors que trois aigles nous survolent. Un lièvre détale. Une marmotte se cache.

Le tissage et la cuisine

Certaines des femmes du campement sont bergères et accompagnent les hommes toute la journée. Mais nombreuses d’entre elles restent pour les activités quotidiennes : cuisine et tissage principalement. Leur technique de tissage est la même depuis des siècles : très complexe, dans un assemblage de fils, de pièces en bois et de laine de yak. Les tapis et vêtements qui en ressortent sont extrêmement résistants et isolants. Julie a pu s’essayer à la pratique… ce qui a pu là encore causer beaucoup de rires chez notre famille d’accueil.

La cuisine quant à elle est simple mais très riche. Tout au long du séjour, nous aurons mangé beaucoup de yaourt et lait de chèvres, ainsi que de la viande de yak. La tsampa (farine) est également beaucoup utilisée. Pommes de terre et choux-fleurs, importés depuis les jardins d’autres Ladakhis plus bas en altitude, sont présents à  chaque repas.

Tissage Ladakh

Un autre monde, une autre vie

Coupés du monde, sauf peut-être par la petite radio qui diffuse des émissions religieuses en ladakhi, la vie de la famille de Skarzang est radicalement différente de la nôtre. Chaque soir est une veillée où tout le monde se retrouve autour du poêle chaud. Pas d’électricité ni de réseau. Le torrent tout prêt apporte l’eau indispensable à la survie du campement et des bêtes.

Une vie de nomade vous oblige à vous encombrer que du strict nécessaire. Le seul luxe que s’offre notre famille, à l’aide de leur maigre revenu, est un petit temple à l’intérieur de leur tente et quelques bijoux traditionnels qu’arborent les femmes pour les grandes occasions. Dans ce monde reculé, ce qui tranche avec le reste de l’Inde, c’est que ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Nous sommes dans une société matriacale. Skarzang a deux maris. D’ailleurs, ses enfants ne savent pas vraiment lequel des deux est leur père.

La découverte de ce monde est d’autant plus poignante qu’il est en train de disparaître. L’attrait de la ville est bien trop grand face à la rudesse des montagnes. Les hivers trop rudes, lorsque le bétail meurt parfois de froid, les nomades n’ont d’autre choix que de se réfugier en ville.

Troupeau Ladakh

Une expérience hors du commun au Ladakh

Nous ne sommes restés que trois jours… et pourtant ! Les liens se sont si vite tissés et nos cœurs se sont serrés quand est venu l’heure du départ. Nous ne parlions pas la même langue mais Stanzin a été d’un secours précieux pour faire le traducteur et nous permettre d’avoir un vrai contact. Ils nous ont tout simplement accueilli, intégré sans détour dans leur cercle familial, au cœur de leur vie quotidienne.

Julie Nomades

Mon grand-père était lui-même berger dans sa jeunesse, dans les pâturages de Savoie, avant de s’installer avec ma grand-mère dans une ferme et de devenir menuisier. Il n’est plus là aujourd’hui pour que je lui raconte ce périple, mais je ne me suis jamais senti aussi proche de lui, dans ces hauts plateaux du Changtang, en vivant ce qui a été durant si longtemps son quotidien.

Sur le chemin du retour, nous avons fait une halte au Tso Kar, le grand lac salé du Ladakh, juste en dessous du Tso Moriri. Ce fut un peu le point d’orgue de cette retraite, au bord de ces îlots vierges, au creux des montagnes. Seuls quelques yaks étaient en train de paître paisiblement.

Lacs Ladakh

Nous sommes revenus de ce voyage bouleversés, changés, dans la crainte de retrouver notre monde moderne où tout doit aller si vite. Julie est restée à Leh pour continuer à accompagner les Shanti voyageurs tandis que je suis pour ma part à Delhi, plein d’informations pour vous permettre de vivre ce que nous avons vécu.

N’hésitez plus une seconde, si vous êtes prêts à affronter la rudesse du Changtang, de rencontrer les derniers nomades et leurs chèvres. Si vous êtes prêts en somme à revenir à l’essentiel : http://www.shantitravel.com/fr/trek-himalaya-indien/trek-ladakh-zanskar/

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