Le volcan Sinabung crache des cendres dans le ciel. Je suis en haut du volcan Sibayak, je l’observe avec humilité. Il y a quatre jours une petite éruption a recouvert toute la région de Berastagi d’une fine couche de cendres grises.
De Bukit Lawang à Berastagi.
La descente de la rivière s’est finalement bien terminée et nous avons retrouvé notre hôtel à Bukit Lawang où douche, matelas confortable et vêtements propres nous attendaient. Hier, nous avons pris la longue route de Bukit Lawang à Berastagi en passant par Medan, capitale de l’île de Sumatra. Paul, notre guide, nous a fait découvrir quelques traits de l’artisanat local au gré des arrêts dans les villages bordant la route. Les femmes et les hommes qui perpétuent un savoir-faire transmis de génération en génération nous ont accueilli souriants et le regard empreint de fierté. Nous étions impressionnés par leur dextérité, leur rapidité et l’élégance de leur art. Nous avons finalement atteint Berastagi en milieu d’après-midi.
Berastagi, station de basse montagne
Premières impressions de Berastagi
A peine arrivés nous nous sommes arrêtés au grand marché de Berastagi. Les étals sont hauts en couleurs et offrent une grande variété de fruits : mangoustan, fruits de la passion, cabosse, fruits du serpent, ramboutans, fraises, bananes, fruits du dragon et tant d’autres. Puis nous avons fait un saut à l’église protestante de Berastagi. L’architecture rappelle en tout point les maisons traditionnelles Batak Karo, affichant même les petits détails tels que les cornes de buffles et les représentations de lézards. Depuis que je suis en Indonésie je ne cesse d’être stupéfait par les formes que prennent les religions monothéistes dans ce pays aux centaines de cultures où les cultes ancestraux perdurent. A l’image des églises Toraja aux toits de type Tongkonan, aux temples hindous balinais ouverts pour faire le lien entre le ciel et la terre, ou à la mosquée Minang Masjid Raya Sumbar à Padang, pour ne citer qu’eux.
Pourquoi voyager à Berastagi ?
Traversant la petite ville pour rejoindre notre hôtel nous ne croisons aucun voyageur européen. Berastagi est une station de basse montagne située dans le territoire Batak Karo. Les habitants de Medan viennent y chercher l’air frais le week-end ou pendant les vacances. Autours de Berastagi de nombreux villages traditionnels Bataks peuvent se visiter. Deux volcans en activité toisent la petite ville : le Sinabung et le Sibayak. Le Sinabung s’est réveillé en 2010. Depuis il crache continuellement des cendres et parfois il tousse un peu plus fort comme en février 2015. Le Sibayak quant à lui est relativement calme et il est possible de faire un petit trek jusqu’au sommet.
Trek sur le volcan Sibayak
Marche jusqu’au cratère
Après un petit-déjeuner copieux, alors que le soleil se lève timidement, nous prenons les routes sinueuses pour rejoindre le pied du volcan Sibayak. C’est ici que commence notre marche d’une heure pour atteindre le cratère du volcan. La première partie se fait sur de l’asphalte défoncé. Puis nous nous engageons sur un petit chemin mi-terreux, mi-bétonné. Plus nous prenons de la hauteur, plus la vallée s’ouvre à nos yeux ébahis. Au loin nous apercevons le volcan Sinabung et sa volute de fumée. A l’approche du cratère un sifflement se fait entendre. Je découvre avec stupéfaction son origine. De la vapeur sous pression s’échappe d’une cavité dans la roche. Une odeur de soufre me prend au nez. Je réalise alors que nous marchons sur une cocotte-minute géante. Le volcan vit sous nos pieds. Je me sens tout petit.
Au sommet du volcan Sibayak
Nous décidons de ne pas nous arrêter au cratère mais de continuer notre marche sur l’une des crêtes. Le chemin est difficile et nous devons nous aider de nos mains pour nous hisser de temps à autres. Après 15 ou 20 minutes, nous atteignons le sommet. Le ciel est dégagé. A nos pieds nous voyons le cratère, fermé, recouvert d’eau formant comme une petite mare. Les jeunes Indonésiens qui viennent parfois camper dans les environs ont dessiné dans la boue et à l’aide de pierre de grands cœurs, des formes étranges, ou parfois simplement leurs initiales en grand pour les prendre ensuite en photo.
Dans la vallée s’étale à perte de vue des champs de palmiers à huile. Peut-être au loin est-ce la jungle, je ne saurais dire. Il y a aussi des champs de légumineux, quelques villages, une usine… Et puis bien sûr le volcan Sinabung, imposant, effrayant. Sur l’un de ses versants se dessine une coulée de lave durcie. Dans le ciel sa fumée se dissipe.
Le pays Batak Karo
Introduction au peuple Batak
Le peuple Batak vit dans la partie nord de Sumatra. Il se divise en 6 groupes distincts qui se différencient par leur culture et l’architecture de leurs demeures.
– les Batak Toba
– les Batak Karo
– les Batak Simlungun
– les Batak Pakpak
– les Batak Angkola
– les Batak Mandailing
Les groupes sont divisés en marga que l’on peut traduire par clans. Afin de pacifier les relations entre les marga, mais aussi pour favoriser le brassage génétique, les Batak ne peuvent pas se marier avec des membres de leur propre clan. On appelle cela l’exogamie clanique.
Histoire des Bataks
Le peuple Batak a longtemps été craint car on les disait chasseurs de tête et cannibales. Ils ont vécu en partie coupés du monde jusqu’à la guerre des Padri puis l’arrivée des missionnaires au 19ème siècle. Sous la colonisation hollandaise les Batak de croyance animiste teintée d’hindouisme ont été convertis, parfois par la force, au culte protestant. Aujourd’hui la majorité des Batak sont protestants et une minorité est devenue musulmane.
Les spécificités des Bataks Karo
Nous réalisons rapidement en visitant les villages Batak Karo que les croyances animistes font encore parties de leur quotidien. Sur les maisons et les églises nous observons des représentations de lézards et des cornes de buffles. Bien que les nouvelles générations se construisent des maisons individuelles, certains continuent de faire vivre les traditions en partageant les maisons Batak Karo traditionnelles. Ce sont de grandes maisons sur pilotis dans lesquelles vivent plusieurs familles. Chaque famille a son foyer. Seules quelques petites lucarnes et la porte d’entrée font entrer la lumière. Il n’y a qu’un seul étage et pourtant la maison est très grande en raison du toit incliné.
Souvenirs de voyage au pays Batak
Il y a 2 termes que je retiens de mon expédition en pays Batak. Le premier: horas qui signifie bonjour en batak. Le second: ulos qui est l’étoffe traditionnelle batak. Tissé à la main, le ulos est sacré. Il se porte traditionnellement sur l’épaule pour rentrer dans certains lieux sacrés et assister à des cérémonies pour les différentes étapes de la vie d’un Batak.
Fin du voyage à Sumatra nord – le lac Toba
Après Berastagi, nous nous rendons sur l’île de Samosir au milieu du lac Toba. Le lac est formé par l’un des plus grands cratères volcaniques au monde. Ici vivent les Batak Toba. Nous visitons quelques villages mais surtout, nous nous reposons après ce périple fort en émotion. Notre chambre est réservée à l’hôtel Tabo Cottages, le meilleur hôtel de la région selon les standards européens. La piscine donne sur le lac et ses paysages éblouissants, la cuisine mi indonésienne mi européenne est délicieuse, et les transats sont confortables.
Ce voyage à Sumatra est pour moi l’une de mes plus belles aventures. En moins de dix jours j’ai pu vivre des moments forts avec des éléphants, faire la rencontre des Orangs-Outangs, jouer les aventuriers dans la jungle, grimper au sommet d’un volcan, découvrir un peuple à la culture singulière, et me la couler douce au bord de l’eau.
A peine rentré que je veux déjà repartir.
Retrouvez le début des aventures d’Alexis à Sumatra sur notre blog :
– http://blog.shantitravel.com/sejour-sumatra-tangkahan-elephants/
– http://blog.shantitravel.com/sumatra-trek-orangs-outans/
– http://blog.shantitravel.com/sumatra-nord-bukit-lawang-trek/
Et pour voyager à Sumatra comme Alexis, vous pouvez commencer par vous rendre sur notre site et prendre contact avec un de nos experts voyage : http://www.shantitravel.com/fr/voyage-en-indonesie/sumatra/